⏱️ Temps de lecture : 4 min

Et si vos plus belles innovations naissaient des frottements ?
Innover n’est plus une affaire de génie solitaire ni de R&D cloisonnée.
Dans un monde où les problèmes s’enchevêtrent, les solutions viennent rarement du même endroit. Elles surgissent à la croisée des mondes, là où s’entrechoquent les savoirs, les langages et les imaginaires.
Et si ouvrir votre organisation à des regards radicalement autres devenait votre meilleur levier d’innovation durable ?
Plutôt que de craindre les divergences, apprenons à les embrasser.
Quand Danone invite le street art
En 2019, Danone UK cherche à relancer sa marque de yaourts Light & Free. Au lieu de s’en remettre au marketing classique, l’équipe convie quatre artistes de street‑art britanniques — Nerone, Morag Myerscough, Justin Poulter et Neil Stevens — pour réinventer les pots et y glisser un QR code Spotify menant à une playlist personnalisée.
Résultat : un packaging devenu objet de collection, +30 % d’engagement sur Instagram et un rebond des ventes dans les mois qui suivent – preuve qu’en ouvrant la création à des talents extérieurs, on rallume vraiment la flamme.
Cette histoire nous éclaire :
Innover, c’est accepter la collision des mondes .
Co‑créer, c’est laisser entrer l’imprévu .
Pourquoi ouvrir les portes de votre entreprise ?
Imaginez vos idées comme un feu de camp. Au début, la flamme interne suffit ; puis le bois se consume, la braise faiblit. Inviter des visages neufs – start‑ups, académiques, ONG, artistes – revient à jeter du bois choisi et des essences nouvelles : la flamme reprend, éclaire plus loin et attire encore d’autres curieux.
Trois bénéfices immédiats :
-
Un regard neuf :
exemple : une astrophysicienne ne voit pas vos chaînes logistiques, elle y devine des constellations de données. -
Un saut créatif :
exemple : le croisement d’un agronome et d’un designer culinaire fait jaillir un yaourt lumineux à la spiruline. -
Un récit qui recrute :
les collaborateurs – et surtout les talents – veulent participer à l’aventure, pas à l’administration du statu quo.
Cartographier votre écosystème comme on trace une route de voyage
Mais comment faire ?
Plutôt qu’un tableau Excel, prenez une grande feuille. Au centre, vous inscrivez votre défi ; autour, trois cercles concentriques :
-
Les familiers : fournisseurs, écoles partenaires, anciens salariés.
-
Les cousins : incubateurs, fablabs, start‑ups de secteurs adjacents, ainsi que les consultants, coachs et formateurs externes qui naviguent entre plusieurs environnements professionnels et font jaillir l’innovation en hybridant leurs expériences.
-
Les explorateurs lointains : chorégraphes, climatologues, musées, game‑designers.
Chaque nom, vous le reliez à une question :
- qu’est‑ce que cette personne voit que je ne vois pas ?
Vous venez de poser la carte de votre prochaine expédition.
Souvent, ce sont justement ces "catalyseurs nomades" — conseils et formateurs rodés à de multiples terrains — qui feront surgir les passerelles invisibles entre vos mondes.

Accueillir l’autre et co‑écrire le premier chapitre
Ouvrir la porte ne suffit pas ; il faut préparer la salle.
-
Mélangez les langages :
lors du premier atelier, demandez à chacun de dessiner plutôt que de parler ; les crayons gomment la hiérarchie.
Ce n'est pas facile, le dessin dans certaines cultures d'entreprise, n'est pas pris au sérieux ou peut être perçu comme une remise en cause personnelle. Je parle d'expérience pour avoir été confrontée à cette résistance notamment en milieu technique. -
Rendez l’invitation palpable :
badges éphémères, playlists partagées, déjeuner maison. La culture se transmet plus vite en partageant un repas ou un moment de convivialité qu’un PowerPoint.
Truc de facilitateur : prévoyez toujours un espace « fridge » où coller les idées trop folles pour l’instant. Elles deviendront vos pépites de demain.
Naviguer avec le Diamond Model de Sam Kaner
Le chemin de la co‑création n’est pas linéaire !
Sam Kaner, spécialiste de la participation, le représente sous la forme d’un diamant à trois temps : diverger, émerger — la fameuse groan zone — puis converger.
-
Introduction : sécuriser le cadre, poser la question.
Formuler la question en instaurant la sécurité psychologique. -
Divergence : multiplier les idées (sans filtre).
-
Groan zone (Émergence) : période de flou productif.
-
Convergence : trier, combiner, prioriser.
-
Clôture : décider, répartir, célébrer
Astuce : affichez le schéma du diamant dans la salle ou sur votre board digital ; chacun visualise ainsi sa progression et accepte l’inconfort temporaire de la groan zone.
Et dans les activités d'Isabelle Deprez Solutions ?
Illustrations dans nos propres activités :
- Kick-off managérial : créer une synergie immédiate entre inconnus venus d’horizons variés.
- Art et formation : une historienne de l’art éclaire un thème sous un angle inédit et fécond lors de l'une de nos interventions sur l'affirmation de soi.
- Réponses décalées : avec d'autres experts, nous concevons des réponses innovantes au désengagement.
- Co-écriture d’ouvrages : nous explorons un leadership hors des sentiers battus.
- Intégration de la puissance de l'IA comme acteur extérieur en sus, avec des casquettes différentes.

Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin.
"Quand on embarque aussi ceux qui ne nous ressemblent pas, on va surtout…ailleurs ! "
Isabelle Deprez
Pérénniser la flamme de l'ouverture
Comme un feu de camp, l’ouverture s’éteint si l’on cesse de l’alimenter ; mais trop de bois d’un coup l’étouffe. Voici un équilibre simple :
-
Ajouter du combustible régulier : organisez un Open Friday mensuel où un partenaire externe – artiste, coach, formateur ou start‑up – vient présenter un projet et challenger vos équipes pendant 90 minutes.
-
Oxygéner les idées : transformez chaque session en formats légers (podcast de 15 min, infographie, vidéo courte) et diffusez‑les dans votre base de connaissances interne pour maintenir la chaleur entre deux rencontres.
-
Mesurer la chaleur : pilotez trois indicateurs simples : (1) idées externes reçues, (2) prototypes lancés, (3) impact business à 12 mois (revenus ou économies).
-
Célébrer les flammes visibles : chaque trimestre, mettez en lumière les équipes et partenaires ayant transformé une idée externe en solution déployée – newsletter, trophée, vidéo « avant/après ».
En clair : un rythme régulier, une diffusion systématique et un micro‑budget sécurisé maintiennent la flamme de l’ouverture sans flambée incontrôlée.
Passez du récit à l’action

Vous avez maintenant la carte, les étapes et les outils pour transformer chaque divergence en moteur d’innovation. Il ne reste qu’une étincelle : votre décision d’ouvrir la porte et d’avancer.
Prêt·e à allumer la première flamme ?